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Cholestérol : les statines débouchent les artères


Une étude coréenne montre une régression de l’athérosclérose du cœur, grâce au traitement précoce.


Bonne nouvelle pour les patients ayant les artères du cœur partiellement obstruées par des plaques d’athérosclérose: un traitement par statines serait un bon moyen de faire régresser ces plaques. Mais à partir de quand et à quelle dose faut-il le prendre pour éviter un problème cardio-vasculaire tel qu’uninfarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral? Le plus tôt possible, selon une étude coréenne récente, reprise le 19 juin dans le Journal international de médecine.

Aujourd’hui en France, un tiers des 35-64 ans ont un taux de cholestérol trop élevé, soit 9 millions de personnes. Le traitement repose sur une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et, une fois sur dix, sur la prise quotidienne d’une statine. «Les statines ralentissent l’extension du processus athéromateux et diminuent le risque de rupture de plaque», expliquait le Pr Simon Weber, cardiologue à l’hôpital Cochin (Paris) dans un article des Annales de cardiologie. Le spécialiste rappelait aussi le paradoxe de la maladie. D’une part, elle débute insidieusement, «bien souvent à l’adolescence». D’autre part, elle se manifeste souvent brutalement «dans les 7e, 8e, voire 9e décennie». Les plaques d’athéromes commencent en effet à se former dans la paroi des artères dès le jeune âge, puis elles rétrécissent progressivement le calibre de celles-ci. Quand l’obstruction est complète, c’est l’accident. Parfois l’infarctus, parfois la mort subite.

L’année dernière, une étude internationale avait montré le bénéfice des statines à forte dose pour les malades dont l’athérome avait déjà bouché plus de la moitié du calibre des artères coronaires, celles qui nourrissent les parois du cœur. Cette fois, l’équipe coréenne s’est demandé s’il ne fallait pas commencer le traitement, à plus faible dose, encore plus tôt, avant même que la moitié du calibre artériel ne soit obstrué. Il semble que oui. «Les résultats prouvent que le volume d’athérome, mesuré par des échographies intracoronaires, diminue après six mois de traitement», remarque le Dr Pierre Aubry, cardiologue interventionnel au CHU Bichat et à l’hôpital de Gonesse.

Risques d’intolérances

Quoique la réduction de l’athérome soit modeste dans l’étude coréenne, de l’ordre de 4 à 7 % en moyenne, celle-ci pourrait conduire les cardiologues à agir beaucoup plus tôt qu’ils ne le font aujourd’hui. Pour le Dr Aubry: «Il faudra certainement proposer une statine aux patients qui présentent une maladie coronaire non significative (rétrécissement inférieur à 50 %).»

Car la maladie athéromateuse des artères coronaires est une pathologie évolutive marquée par des accélérations parfois intenses et brèves du processus de formation des plaques d’athérome. Par exemple sous l’effet du tabac. Aussi est-il primordial de pouvoir contrôler le plus tôt possible et efficacement ce processus.

À l’Agence du médicament de peser maintenant le rapport bénéfice-risque des statines à dose modérée lorsque la maladie semble encore peu évoluée. Fondamental pour un traitement qui devra être pris à vie et dont la tolérance n’est pas toujours facile. La semaine dernière, une étude de l’université de Californie montrait qu’à des doses deux fois plus faibles que celles utilisées dans l’étude coréenne, les statines entraînaient de la fatigue pour quatre femmes traitées sur dix.

Par figaro icon damien Mascret