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Des cellules de cerveau créées à partir de la peau

Des chercheurs de la Stanford University School of Medicine ont transformé des cellules de la peau de souris en cellules souches neurales, c’est-à-dire capables de constituer non seulement des neurones, mais également les cellules « nourricières » qui les entourent.

« C’est une avancée conceptuelle intéressante, mais pas vraiment révolutionnaire », estime le Dr Alexandra Benchoua, neurobiologiste, qui dirige l’équipe « Neuroplasticité et Thérapeutiques » à l’ISTEM (Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques). Il est effectivement déjà possible de produire ces cellules souches neurales c’est-à-dire « spécialisées » pour le cerveau à partir de la peau, en passant par des cellules souches dites « induites à la pluripotence » (iPSC), l’équivalent des cellules souches embryonnaires.

Reprogrammer les cellules de la peau

Mais l’équipe des professeurs Lujan et Warnig de la Stanford University School of Medicine, qui publie cette semaine dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), estime que tout l’intérêt de ses travaux réside justement dans l’accélération du processus en quelques sortes, en évitant de « repasser par la case départ ».

Ils ont ainsi réussi à reprogrammer les cellules de la peau en y introduisant des virus contenant des facteurs de transcription issus des cellules souches neurales. Ces facteurs sont des « traducteurs » du code génétique, spécifiques à chaque organe. Ils auraient ainsi, très schématiquement, transformé de la peau en « matrice » des cellules du cerveau, à savoir les neurones, mais aussi leur environnement nourricier. Ce procédé limiterait selon eux les risques de prolifération cancéreuse générés par l’injection des cellules ainsi obtenues.

Régénérer le cerveau sans créer une tumeur

Car tel est bien l’enjeu de ces recherches : réussir à guérir, régénérer le cerveau malade… en évitant que les « supers cellules » ne se mulitiplient trop, au point de créer des tumeurs. Toute la difficulté vient de la fragilité des neurones qui rend leur injection « directe » impossible. Il faut donc réussir à trouver le stade « souche » le plus proche d’eux, le moins susceptible de « débordements ». Les Prs Lujan et Warnig espèrent que leur solution se rapproche du but. Le Dr Alexandra Benchaoua préfère, elle, rester prudente car des équipes de l’ISTEM ont déjà greffé ce type de cellules sur des souris… qui ont développé d’importantes tumeurs.

Difficile néanmoins de ne pas ressentir une pointe d’espoir en lisant les résultats annoncés par l’équipe de Stanford. Ils ont en effet injecté leurs cellules souches à des souris souffrant d’une dégradation de la myéline qui entoure les « bras » des neurones, les axones, par lesquels passe l’influx nerveux. Et la greffe semble bien avoir fonctionné puisque de nouvelles cellules « nourricières » des neurones sont apparues et ont justement reconstitué l’enveloppe de myéline indispensable à la bonne circulation des messages à l’intérieur du cerveau…

Malheureusement, comme toujours en matière de recherche fondamentale, il faut éviter tout enthousiasme excessif en pensant aux atteintes de la myéline dans la sclérose en plaques, par exemple. Le passage de la souris à l’homme est non seulement très long, mais aussi souvent très décevant.