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Des nanoparticules d’or contre le cancer de la prostate


Testé en laboratoire, ce traitement aurait moins d’inconvénients que la chimiothérapie.

C’est en combinant un composant du thé et des nanoparticules d’or radioactif que des chercheurs américains espèrent pouvoir développer un nouveau traitement contre le cancer de la prostate (travaux publiés dans la revue américaineProceedings of the National Academy of Sciences ).

À 60 ans, un homme sur trois a des foyers microscopiques de cancer dans la prostate, mais nombre d’entre eux n’évolueront pas ou peu. Plus de 70.000 cas de cancers de la prostate déclarés sont diagnostiqués chaque année en France et 5000 décès par an sont à déplorer. Le problème est simple: comment traiter cette tumeur sans que la thérapeutique soit pire que le mal? Ainsi, dans certaines formes de cancer, une chimiothérapie lourde est nécessaire, avec des effets secondaires toxiques parfois importants, les produits utilisés attaquant la tumeur mais aussi d’autres organes. Nombre de pistes pour élaborer des traitements moins nocifs, nouveaux médicaments ou ultrasons par exemple, sont explorées.

«Dans notre étude, nous avons montré qu’un composé présent dans les feuilles de thé était attiré par les cellules cancéreuses de la prostate, explique Kattesh Katti, professeur de radiologie à l’école de médecine de l’université Missouri-Columbia, l’un des auteurs de ces travaux. Quand on combine le composé du thé et des nanoparticules d’or radioactif, le premier aide les nanoparticules à aller spécifiquement sur le site de la tumeur et à détruire les cellules tumorales.» Ce qui devrait permettre, estiment les chercheurs, d’employer des doses des milliers de fois plus faibles que dans les chimiothérapies, tout en évitant que d’autres organes ne soient touchés.

Trouver la bonne taille

Pourquoi de l’or radioactif? C’est que cet isotope a une demi-vie (temps au bout duquel la moitié des particules radioactives ne le sont plus) de 2,7 jours. Ce qui veut dire qu’en trois semaines, il n’y a plus de radioactivité. Les expériences menées chez la souris ont montré des réductions très significatives du volume des tumeurs en vingt-huit jours de traitement, avec seulement une ou deux injections du produit.

«Nous pensons que ces nanoparticules pourraient réduire, ou éliminer complètement, ce type de tumeurs, qu’elles soient d’évolution lente ou agressive», estime Cathy Cutler, coauteur des travaux.

Ces études sur ce modèle animal ont commencé par déterminer la bonne taille des nanoparticules d’or radioactif, produites par le réacteur de recherche de l’université. Si elles sont trop petites, elles risquent de ne pas rester dans la prostate et de se répandre dans le corps. Si elles sont trop grosses, elles pourraient ne pas entrer dans la tumeur. Il fallait donc trouver la taille adéquate permettant aux nanoparticules de pouvoir rentrer dans la tumeur et d’y rester.

La route est évidemment encore longue pour passer à des essais cliniques chez l’homme. La prochaine étape de ces recherches concernera… des chiens malades de ce cancer. En effet, cette maladie chez la gent canine présente de fortes similitudes avec les formes humaines. Peut-être qu’une fois encore, le chien sera le meilleur ami de l’homme.

Par figaro icon Jean-Luc Nothias