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Alzheimer : un traitement immunitaire suscite l’espoir


Des résultats très préliminaires, mais prometteurs ont été obtenus avec une immunothérapie pour freiner la maladie

Aujourd’hui en France, 850 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer. Ce chiffre pourrait croître du fait de l’allongement de l’espérance de vie, puisque le risque augmente avec l’âge. Après 80 ans, 10 à 15 % de la population pourrait être atteinte. Face à cette situation préoccupante, l’urgence est la mise au point de traitements, la pharmacopée actuelle étant impuissante à bloquer l’évolution de la maladie.

Cette semaine, lors de la conférence de l’Association internationale contre la maladie d’Alzheimer qui se tient à Vancouver, au Canada, des chercheurs ont montré, certes sur un petit nombre de cas, qu’un traitement basé sur l’immunothérapie pourrait freiner la progression de la maladie. Cette thérapeutique à base d’anticorps a en effet permis de ralentir le déclin mental des participants pendant trois ans, alors qu’une dégradation est observée en général dès six mois après la déclaration de la maladie. Il faut rester prudent: l’efficacité ne peut être évaluée qu’à long terme, s’agissant d’une affection d’évolution relativement lente et sur un large groupe de patients.

C’est à New York que l’équipe du Dr Norman Relkin du Weill Cornell Medical College a mené cette étude auprès de 16 malades. Onze d’entre eux ont reçu toutes les deux à quatre semaines (selon leur poids) des perfusions de Gammagard, un médicament à base d’immunoglobulines déjà utilisé pour combler des déficits immunitaires. Cinq autres patients constituaient le groupe placebo. Ces anticorps auraient un effet anti-inflammatoire et stimulant sur l’immunité. Au bout de trente-six mois, la mémoire, les capacités cognitives et l’humeur de onze patients traités ne s’étaient dégradées que légèrement. Les quatre patients ayant reçu la plus forte dose du traitement ont même vu leur état complètement inchangé. Ces résultats étaient si positifs que le groupe placebo a lui aussi débuté le traitement six mois après le début de l’essai, les scientifiques ont alors constaté que leur mémoire déclinait moins vite.

Les chercheurs suggèrent que les anticorps du Gammagard ont contrarié la progression naturelle de la maladie en neutralisant les protéines béta-amyloïdes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, qui s’agrègent en plaques toxiques pour les neurones et entraînent la perte de facultés intellectuelles. Le traitement, fort coûteux, diminuerait aussi l’inflammation provoquée par ces mêmes protéines. L’essai se poursuit auprès de 390 patients pour confirmer ou non ces résultats, avec des conclusions attendues au premier semestre 2013. Pour le Pr Françoise Forette, présidente de la Fondation nationale de gérontologie, les attentes vis-à-vis de l’immunothérapie sont à tempérer. Non seulement le nombre de patient était faible dans cet essai «mais il faudrait aussi attendre au moins quatre ou cinq ans avant de constater un effet éclatant», alerte-t-elle.

Même dans ce cas, aucune amélioration des fonctions cognitives n’est attendue dans ces essais: il s’agit avant tout d’empêcher la maladie de progresser. En effet, les patients en sont à un stade où beaucoup de neurones ont déjà disparu qui ne peuvent être régénérés par les anticorps, explique la gériatre.

Sécurité à vérifier

Si leur efficacité pour bloquer la progression de la maladie est prouvée, les thérapiesimmunitaires devraient être réservées aux patients en étant aux stades précoces, quand les premiers signes ne sont pas encore apparents. Mais avant même de déterminer leur efficacité, c’est la sécurité de ces traitements qui doit être vérifiée, met en garde le Pr Forette. De précédents essais avec d’autres thérapies immunologiques ont été décevants en raison d’effets secondaires sérieux, notamment des œdèmes du cerveau, confirme le Dr Sylvie Pariel, gériatre à l’Hôpital Charles-Foix. Un premier test de vaccin avait également été interrompu en raison d’une mauvaise tolérance.

Par figaro icon Romy Raffin